Rapport RTE "Futurs énergétiques 2050" : RTE a testé 6 scénarios allant du tout renouvelable au 50% nucléaire
Ces 6 scénarios ont été élaborés à la suite d'une concertation approfondie avec tous les acteurs intéressés.
Un des grands éléments à en retenir : Atteindre la neutralité carbone impose une baisse de la consommation énergétique (de 40%) mais une hausse de la consommation électrique pour décarboner les transports, le chauffage, etc. RTE propose trois scénarios de consommation électrique en 2050 (on est aujourd’hui aux alentours de 450 TWh/an) : « sobriété » à 555 TWh, « référence » à 645 TWh, « réindustrialisation profonde » à 755 TWh. Dans aucun cas il n’est prévu que la consommation électrique diminue par rapport à aujourd’hui.
Rapport RTE : Comparatifs pour les 6 scénarios de leurs couts complets et émissions de GES
RTE déconseille de fermer de façon anticipée des réacteurs nucléaires pour réduire la place de l’atome de 70% à 50% d’ici 2035. Voilà qui ne fera pas plaisir à l’exécutif, qui a fixé ces objectifs déraisonnables dans le cadre de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE).
Le graphique de gauche, extrait du rapport de RTE, présente les couts complets des 6 scénarios.
Le second graphique à droite présentent les émissions de GES de ces 6 scénarios, sachant que les 3 scénarios les plus à gauche sont ceux avec le plus d’ENR (100% pour le M0 tout à gauche), et les 3 à droite sont ceux avec le plus de nucléaire (50% pour le N03 tout à droite).
Rapport RTE : Les bénéfices d’un mix nucléaire-renouvelables à 2050 mis en évidence
La Sfen tire trois enseignements majeurs du rapport de RTE sur le futur énergétique de la France pour 2050 :
- La décision de construire six EPR2 peut être prise sans regret. Leurs coûts complets seront compétitifs même dans des scénarios dégradés. Ce socle permettrait de mobiliser la filière pour, le cas échéant, permettre de prendre la décision d’accélérer le renouvellement dans la décennie 2040 et de viser les 14 EPR des scénarios qui poussent au maximum l’atome dans les scénarios RTE.
- Les choix de la programmation pluriannuelle de l’énergie visant à fermer 12 réacteurs en France devraient être repensés.
- Enfin, la question des conditions de financement et de l’équité entre renouvelables et nucléaire se pose.
Rapport RTE : Les trois enseignements relevés par votre « humble serviteur »
Le 1er enseignement est sans surprise : la France devra s’appuyer massivement sur l’électricité, et l’électrification est en effet le principal levier pour décarboner de nombreux secteurs (transport, bâtiment, industrie).
Un second enseignement, qui balaie nombre d’idées reçues : si le développement des EnR intermittents est jugé indispensable, investir massivement dans le nucléaire est le scénario à la fois le plus économique et le plus sûr technologiquement.
Un 3ème enseignement : ce scénario comportant le plus de nucléaire, est à la fois le moins couteux et le moins émetteur de CO2.
Rapport RTE : Le REX de l’Espagne est instructif pour apprécier ce que peut donner dans la vraie vie la mise en œuvre du scénario 100% ENR
Début de paralysie industrielle en Espagne suite au prix de l’électricité :
En 2018 le gouvernement espagnol publiait une loi visant à atteindre 100% d’énergie renouvelable d’ici 2050, en sortant dans le même temps du nucléaire. Pour soutenir le développement massif des ENR, l’Espagne a choisi le gaz fossile pour suppléer l’intermittence de l’éolien et du solaire.
En 2021, l’industrie espagnole voit le cours de l’électricité flamber avec 125,5 euros le MWh, bien loin des 51,22 euros en France, qui pousse les industriels à limiter leur production. Et l’hiver est rude aussi pour les particuliers avec un prix de l’électricité de 213,29 euros le MWh, un tarif jamais atteint.
Rapport RTE : Pour qu’une trajectoire sans développement des ENR soit possible, il aurait fallu la décider il y a une vingtaine d’années
RTE rappelle que les énergies renouvelables sont indispensables pour atteindre les objectifs climatiques d'ici 2050. Pour garder un mix très majoritairement nucléaire, il aurait fallu prendre des décisions structurantes il y a vingt ans.
- d'ordre politiques (tergiversations, pression des anti-nucléaires, électoralisme,...),
- techniques (maîtrise industrielle, capacité à faire d’EDF et d’AREVA,...),
- et économiques (privilégier l'ouverture du capital d'EDF et la libéralisation à une nouvelle phase d'endettement).
Rapport RTE : Artificialisation générée par le système électrique, selon les 6 scénarios
Le scénario N03 est celui avec la plus grande proportion de nucléaire à terme (historique et nouveau) avec 50% de la production, le reste étant assuré par toutes les autres sources bas-carbone et la biomasse dont le déploiement est aussi fortement accéléré.
- le meilleur bilan carbone,
- le coût complet le moins important,
- le besoin le moins élevé en ressources minérales, notamment en cuivre, aluminium, acier,
- mais aussi l'artificialisation des sols associée au système électrique la moins importante (cf graphique).
Rapport RTE : Trajectoires de développement de nouveaux réacteurs envisagées dans l’étude
Un point qui ne reste pas clair : à quel rythme est-ce que la filière nucléaire française est vraiment capable de construire de nouvelles tranches ?
Dans son étude horizon 2050, RTE a pris pour hypothèse qu'EDF saurait au mieux construire à l'avenir deux fois moins vite que dans les années 80, époque où notre activité économique était pourtant la moitié de ce qu'elle est aujourd'hui.
Et RTE aurait pris cette hypothèse paraît-il sur les dires de la filière. Mais la filière a contredit RTE quasiment aussitôt, sous la plume de la Sfen.
Rapport RTE : La transition énergétique peut générer des tensions sur l’approvisionnement en ressources minérales
Parmi les 6 scénarios de référence examinés dans les résultats, le N03 est celui avec le plus de nucléaire (historique et nouveau). Sur les indicateurs prospectifs présentés c'est le plus décarboné et le moins cher. C'est aussi le moins gourmand en #cuivre, ressource minérale qualifiée par RTE de "sous surveillance".
Pour la partie système électrique de la figure, la quantité de cuivre requise diminue avec l'augmentation de la proportion de nucléaire (de gauche à droite).
Là encore on aurait bien aimé voir un ou plusieurs scénarios avec plus de 50% de nucléaire à titre de sensibilité, ne serait-ce que pour se projeter au-delà de 2050, mais le travail réalisé par RTE est déjà énorme.
Opinion | Les petits réacteurs nucléaires viendront-ils à temps pour sauver le climat ?
SMR : qu'y a t-il derrière ces 3 lettres? Greg DE TEMMERMAN et Valérie FAUDON publient une tribune sur Les Echos pour expliquer l'intérêt des SMR, que ce soit pour la France ou dans le monde.
Les SMR sont des petits réacteurs nucléaires prévus pour être moins chers et plus facile à déployer que les grosses unités. Surtout, ils sont conçus pour pouvoir être installés dans des endroits isolés, ou sur le site de centrales à charbon, permettant de les reconvertir en abaissant significativement les émissions de CO2.
Les annonces faites par Emmanuel Macron le 12 Octobre, et celles attendues d'ici la fin de l'année pour 6 EPR, redonnent de la visibilité sur le futur énergétique de la France.
Idées reçue : "On ne sait pas démanteler les centrales nucléaires"
On entend encore régulièrement cette affirmation, dans les commentaires et les prises de position médiatiques, sans qu'elle soit démentie. Et pourtant, c'est totalment faux, et démontré par les faits :
Oui on sait faire en France : le démantèlement de Chooz A, de type REP comme l'ensemble du parc français en activité, est bien avancé et devrait être terminé d’ici 18 mois, conformément au calendrier cible de 15 ans.
Oui on sait faire à l'étranger : Aux Etats-Unis 6 démantèlements et "retours à l'herbe" ont déjà été réalisés pour des REP : Maine Yankee (2005) , Rancho Seco (2008), Yankee Rowe (2002), Trojan (2005), San Onofre (2005), Connecticut Yankee (2006). Les sites de Zion et LaCrosse ont également été démantelés mais ne sont pas encore "libérés" de leur usage nucléaire.
Première mondiale à Fessenheim ! Encore une performance de premier plan pour le nucléaire français !
En fin de semaine dernière, les équipes de la centrale de Fessenheim, aux côtés de la Division Combustible Nucléaire d’EDF et d’Orano ont terminé la 15ème et dernière évacuation de combustible usé de la piscine du réacteur n°1. Ce dernier assemblage combustible a été chargé dans un emballage spécifique, et livré à l’usine Orano de La Hague, où il y sera entreposé.
En réussissant à évacuer l’intégralité du combustible de la tranche n°1 de Fessenheim, moins de 2 ans après l’arrêt du réacteur, EDF a établi un nouveau record mondial sur la durée d’évacuation du combustible usé d’un réacteur après sa mise à l’arrêt. Record jusque-là détenu par la centrale nucléaire d’Oyster Creek aux Etats-Unis en 32 mois.
Les réseaux de chaleur urbains, insuffisamment exploités en France, selon la Cour des Comptes, sont de plus en plus « propres »
Ils pourraient ainsi être un levier pour décarboner le secteur des bâtiments résidentiels et tertiaires qui avec 20% des émissions de CO2 est le 2ème secteur le plus émetteur de GES (après les transports).
Un réseau de chaleur peut reposer sur la biomasse, la géothermie, lorsque c’est possible (comme à Strasbourg), sur l’eau de mer (comme à Marseille qui expérimente la thalassothermie avec Dalkia), ou sur le solaire thermique (comme à Narbonne avec Newheat). Un réseau de chaleur pourra aussi s’appuyer demain, si le choix politique en est fait, sur des SMR (Small Modular Reactor).
ekWateur : Changeons d'ère, changeons d'énergie
Fin aout dans une publicité, le fournisseur alternatif ekWateur traitait le fournisseur historique EDF de « dinosaure » de l’énergie : « Parce qu’il est urgent de passer du Jurassique à l’éthique, rejoignez notre communauté et choisissez une énergie plus responsable » .
En résumé, ekWateur était « éthique » et « responsable » donc « branché », alors que EDF était « non durable » et donc « has been ».
Deux mois plus tard, alors que les prix n'en finissent plus de flamber, les fournisseurs alternatifs abandonnent leurs clients et les « invitent » à retourner chez EDF…. Quelle belle démonstration d'éthique et de responsabilité, en effet !
Nucléaire : EDF vise un chantier de petit réacteur vers 2030 en France
« Nous pensons qu'il faut faire des nouveaux réacteurs de forte puissance et nous avons fait une proposition à l'Etat en ce sens. Et nous imaginons qu'il faudra installer au moins un réacteur de type SMR en France en complément - on pourra en faire plusieurs en complément », a détaillé Xavier Ursat, directeur exécutif en charge de la direction Ingénierie et Projets nouveau nucléaire d'EDF.
Ces petits réacteurs peuvent produire de 10 à 300 mégawatts (MW) en fonction de leur taille, bien loin des grosses centrales qui produisent entre 900 et 1650 MW. Mais ils présentent l'avantage d'être plus polyvalents (production de chaleur, dessalinisation, production d'hydrogène), utilisent moins d'eau et n'ont pas besoin de l'intervention humaine pour leur permettre un refroidissement.
Allô docteur, j’ai mal : les prix des énergies montent !
- Le prix de marché de l’électricité est fixé par celui de la dernière centrale appelée pour satisfaire l’équilibre offre-demande sur le réseau électrique, et cette centrale est souvent au gaz.
- Ainsi, même si les centrales au gaz représentent moins de 10% de la production électrique en France, le prix de l’électricité subit l’augmentation du prix du gaz.
- Corollaire, le prix de marché ne reflète pas la réalité des coûts de production plutôt stables des principaux modes de production français : nucléaire à 70%, hydroélectrique à 10%.
Le nucléaire doit accélérer pour répondre à l’urgence climatique, selon l’AIE
A moins de deux semaines de l’ouverture de la COP26 sur le climat, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) publie son nouveau World Energy Outlook, qui se veut être un guide pour atteindre un monde zéro émission en 2050.
Les auteurs du rapport appellent, dans leur scénario NZE, a des efforts plus importants pour prolonger l’exploitation sûre des réacteurs existants et accélérer la construction des nouvelles tranches. Le rapport envisage une hausse de la production de 15 % de l’électricité d’origine nucléaire dès 2030.
Pour y parvenir, l’AIE souligne l’importance de filières industrielles en ordre de marche. Outre sa capacité de construction, le progrès technologique est un enjeu essentiel : "Le scenario NZE s’appuie sur une innovation bien plus rapide que ce qui a été fait par le passé".
Tribunal pour les Générations Futures : "Transition énergétique : faut-il sortir du nucléaire ?"
Samedi 23 octobre, les Voix du Nucléaire ont participé à la session du Tribunal pour les Générations Futures d'Usbek & Rica organisée à la Fondation GoodPlanet sur le thème "Transition énergétique : faut-il sortir du nucléaire ?"
Pour plaider en faveur de cette sortie : Sandrine ROUSSEAU, finaliste de la primaire EELV et Nicolas NACE, porte-parole de Greenpeace France.
Pour s'y opposer : Cécile MAISONNEUVE Présidente de la Fabrique de la Cité, ex directrice du Centre Énergie de l’Institut Français des Relations Internationales (IFRI), et Myrto TRIPATHI, Présidente des Voix du Nucléaire. Non pas pour défendre UN avenir, mais la possibilité de l'avenir. La possibilité pour les générations futures d'avoir encore le choix.
Découvrir le plaidoyer de Myrto TRIPATHI et le jugement rendu
Débat du jour : Le nucléaire, allié du climat ?
La filière nucléaire a le vent en poupe. Elle est en croissance en Asie, Amérique du Sud, Moyen-Orient, Afrique, et les USA ou la France ont renouvelé leurs engagements en faveur de cette énergie. Un des premiers arguments avancés pour justifier ce retour en grâce, c’est la lutte contre le réchauffement climatique, le nucléaire émettant peu de GES. Mais les opposants à l’atome ne manquent pas de pointer le risque d’accident, ou encore la question des déchets radioactifs.
L’urgence climatique impose-t-elle le développement du nucléaire ? Quelles alternatives ? Pour en débattre : Nicolas Nace, chargé de campagne transition énergétique à Greenpeace, et Ludovic Dupin, le tout nouveau directeur de l’information à la Société française d’énergie nucléaire (Sfen).
Taxonomie. Dix pays européens soutiennent l’inclusion du nucléaire
Du côté des pays favorables à l’inclusion du nucléaire dans la taxonomie, on compte désormais dix membres. Dans une tribune, publiée dans des quotidiens européens dont le Figaro en France, les ministres de l’Économie et de l’Énergie de Bulgarie, Croatie, Finlande, France, Hongrie, Pologne, Roumanie, Slovaquie, Slovénie et République tchèque demandent à "faire appel à nos meilleures armes pour décarboner notre économie". L’Estonie n’a pas signé mais semblent désormais prête à rallier ce camp.
En face, on trouve un camp antinucléaire dans la taxonomie : l’Allemagne, l’Autriche, le Luxembourg et dans une certaine mesure l’Espagne et le Danemark.
l'UE bientôt prête à inclure le nucléaire et le gaz dans les investissements verts ?
Hier, une majorité des Vingt-Sept s'est prononcée pour reconnaître le rôle du gaz et du nucléaire dans la lutte contre le changement climatique, selon plusieurs diplomates.
Mais le débat est loin d'être terminé. La Commission européenne doit trancher avant la fin de l'année sur l'intégration, ou non, de l'atome historique et du gaz dans le classement des investissements écologiques et durables ("taxonomie verte").
De son côté, le vice-président de l'exécutif européen Valdis Dombrovskis a défendu le nucléaire lors d'une réunion des ministres des Finances. "Il est important que nous reconnaissions le rôle du nucléaire en tant qu'énergie bas carbone dans notre effort" de réduction des émissions de CO2, a déclaré le responsable letton.
La Commission européenne va devoir décider si le nucléaire est une énergie « verte »
Réunis à Bruxelles, les 21 et 22 octobre, les chefs d’Etat et de gouvernement européens ont pressé la Commission de décider, d’ici à la fin novembre, du sort qui serait réservé au nucléaire et au gaz dans la taxonomie, ce classement des activités économiques en fonction de leurs émissions de CO2 et de leurs conséquences sur l’environnement.
De la décision de l’exécutif communautaire de considérer – ou pas – que l’atome est une énergie « verte » et le gaz une énergie de transition (sous certaines conditions) dépendra la capacité de ces deux secteurs à financer leurs futurs investissements.
Mais, politiquement, cela reste compliqué pour l’Allemande Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, d’aller contre Berlin...
Climat : Bruxelles tergiverse encore sur la place du nucléaire
Paris et ses alliés de l'Est pressent l'Europe de sécuriser la place du nucléaire dans son mix énergétique en l'incluant à la liste des investissements « verts », appelé « taxonomie », qui définit les investissements vers lesquels l'Union veut drainer les capitaux privés et publics. Mais l'Allemagne et l'Autriche s'y opposent et la Commission tarde à trancher.
Les jeux de pouvoirs en cours sont à mettre en parallèle avec le sort à réserver, dans le même acte délégué, au gaz naturel, que l'Allemagne tient, pour sa part, à intégrer à la taxonomie… en dépit de son empreinte carbone. De là à imaginer que Paris et Berlin sont voués à trouver une solution intégrant aussi bien le gaz que le nucléaire à l'effort climatique, et à son financement, il n'y a qu'un pas.