France 3 AuRA - « On décode » l’énergie nucléaire
Une actualité unique décryptée tous les soirs du lundi au vendredi, sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes : Rappel des faits et du contexte, éclairages de spécialistes, confrontation des points de vue, réactions, exemples et contre-exemples, « On décode » donne les clés pour mieux comprendre notre quotidien en AuRA.
Le 28 février, « On décode » recevait Michel SIMON, secrétaire général de PNC-France, ex président de la Sfen RAL, sur le sujet de l’énergie nucléaire en AuRA. Au sommaire :
Etat des lieux : de la filière en France et en AuRA, en nombre et types d’entreprises, en nombre d’emplois, prolongation du parc existant et implication sureté, …
Perspectives : réacteurs génération III, EPR, EPR2, inquiétudes sur les hypothèses de consommation sous estimées à l’horizon 2050, …
Mise à jour 10 – Déclaration du Directeur général de l’AIEA sur la situation en Ukraine
L’Ukraine a informé aujourd’hui l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) que le site de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia avait été bombardé pendant la nuit. L'armée russe a attaqué la centrale et provoqué un incendie dans un bâtiment administratif. Jusqu'ici les informations disponibles indiquent que les bâtiments réacteurs n'ont pas subi de dommages. La centrale est désormais sous le contrôle des forces russes selon le propriétaire de la centrale, Energoatom. Les niveaux de radiation mesurés par les sondes du site sont normaux. Malheureusement l'opérateur rapporte des victimes, du fait de l'attaque du bâtiment administratif.
Il s'agit d'une situation inhabituelle et très préoccupante, mais il faut être clair sur le fait qu'il n'y a pas d'accident nucléaire en cours à Zaporizhzhia, et qu'il n'y a aucune base pour anticiper un accident non plus, à ce stade.
Se tenir au courant de la situation au jour le jour sur l’AIEA
Cinq questions sur la sûreté nucléaire en Ukraine après l’offensive russe
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les combats en cours et le passage des armées sur la zone d’exclusion ont soulevé des interrogations sur la sûreté des quinze réacteurs en activité du pays et de celle de Tchernobyl.Cinq questions sur la sûreté nucléaire en Ukraine après l’offensive russe :
1) Que représente le nucléaire en Ukraine ?
2) Y a-t-il eu des combats près des réacteurs en Ukraine ?
3) Existe-t-il une procédure nucléaire en tant de guerre ?
4) Quelle est la situation à Tchernobyl ?
5) Est-ce la première fois que des réacteurs nucléaires se retrouvent en zone de guerre ?
Percée majeure pour la fusion nucléaire : énergie record générée par des chercheurs européens
Le Joint European Torus (JET) au Royaume-Uni, est la plus grande machine de fusion nucléaire au monde. Les chercheurs y ont généré une quantité record d'énergie fin décembre : 59 mégajoules. L'énergie est restée stable pendant cinq secondes. « Maintenant que nous avons démontré la production continue d'énergie de fusion pendant cinq secondes, cela ouvre la voie à cinq minutes et plus tard à cinq heures de production continue ».
La prochaine étape de la recherche aura lieu dans le sud de la France. Le réacteur thermonucléaire expérimental international (ITER) y est en construction depuis 2013. ITER sera la version la plus grande et la plus avancée du JET. ITER doit devenir le premier réacteur de fusion à produire plus d'énergie nette qu'il n'en consomme.
Russie : une ministre écologiste allemande craint des pénuries de charbon en cas d'exclusion de Swift
L’Allemagne dépend largement de la Russie pour son approvisionnement en gaz mais aussi en charbon qu’il achète via le système interbancaire Swift : « L’Allemagne dépend à 50% des importations de charbon russe », a rappelé le Vice-Chancelier allemand, Robert Habeck. « Si nous n’avons pas ce charbon, les centrales électriques au charbon en Allemagne ne pourront pas fonctionner ». « Et bien sûr, nous devons veiller à ce que nous continuions à avoir un approvisionnement stable en électricité et en chaleur », a rajouté Annalena Baerbock Ministre des Affaires étrangères allemandes.
L’Energiewende, la transition énergétique allemande, a été entamée en 2011, et une décennie plus tard, nous avons suffisamment de faits objectifs, chiffrés, incontestables, pour se forger un avis éclairé sur son efficacité. Décryptage.
Germany mulls extending nuclear plants' life-span - economy minister
L'Allemagne réfléchit à l'opportunité de prolonger la durée de vie de ses centrales nucléaires restantes afin de sécuriser l'approvisionnement énergétique du pays face à l'incertitude sur l'approvisionnement en gaz russe, a déclaré Robert Habeck, Ministre fédéral de l’Economie et Vice-Chancelier, appartenant au parti Vert.
Robert Habeck qui avouait il y a deux jours : « L’Allemagne dépend à 50% des importations de charbon russe ». « Si nous n’avons pas ce charbon, les centrales électriques au charbon en Allemagne ne pourront pas fonctionner ».
Face à la réalité des faits, qui ne peuvent plus être masqués par des discours idéologiques et simplistes, le parti Vert allemand est obligé de faire un retour d’expérience de la transition énergétique allemande, déployée depuis 2011.
Gaz russe : l’Allemagne remet en question la fermeture de ses centrales nucléaires
Alors que la part du gaz russe représente plus de 40 % du gaz importé de l’Union européenne, certains pays questionnent leur politique énergétique. C’est notamment le cas de l’Allemagne dont 66 % du gaz, composant 26 % du mix énergétique, est importé de Russie. Concernant la seule production d’électricité, le gaz représente en Allemagne une part de 15 % et le charbon près de 30 %.
Suite à l’offensive russe en Ukraine, le ministre allemand de l’Économie et du Climat, Robert Habeck a déclaré que l’Allemagne étudiait la possibilité de prolonger l’exploitation des trois dernières centrales nucléaires afin de sécuriser l’approvisionnement énergétique du pays : « Répondre à cette question fait partie des tâches de mon ministère. Je ne la rejetterais pas pour des raisons idéologiques ».
L'Allemagne tourne soudain le dos à la politique énergétique menée depuis 20 ans
Le 27 février, le chancelier Olaf Scholz a expliqué que : « les événements de ces derniers jours nous ont montré qu’une politique énergétique responsable et tournée vers l’avenir est décisive non seulement pour notre économie et l’environnement, mais également pour notre sécurité… Nous devons changer de cap pour surmonter notre dépendance à l’égard des importations de certains fournisseurs d’énergie ».
Pour se sortir de sa dépendance au gaz envers la Russie, Berlin envisage de prolonger la durée de vie de ses centrales au charbon voire même des centrales nucléaires qu’il lui reste. Il va aussi constituer une réserver stratégique de gaz et de charbon et doter le pays de terminaux pour importer du Gaz naturel liquéfié (GNL).
TerraPower and Southern Company to demonstrate the world’s first fast-spectrum salt reactor at Idaho National Laboratory
Sélectionné pour un financement dans le cadre du programme de démonstration de réacteur avancé (ARDP) du Département américain de l'énergie (DOE), le projet MCRE fera progresser le réacteur rapide à chlorure fondu (MCFR) de TerraPower (la société d'innovation nucléaire fondée par Bill Gates).
Le projet MCRE représente un point d'inflexion important dans la feuille de route de démonstration technologique pour le MCFR de TerraPower, car le projet éclairera la conception, l'autorisation et l'exploitation d'un réacteur de démonstration MCFR. Le MCRE est destiné à être exploité à l'INL, le premier laboratoire d'énergie nucléaire du pays, et sera autorisé par le DOE.
La première criticité du MCRE est prévue pour fin 2025.
« Avec les réacteurs à neutrons rapides, nous avons des milliers d’années de production devant nous en utilisant des déchets »
« On n’a plus besoin de mines d’uranium. On n’a plus besoin d’usines d’enrichissement. Les rapides enfin sont capables d’incinérer tous les déchets radioactifs à vie longue et ne laissent qu’une petite quantité de déchets à vie courte, de l’ordre de 300 ans et plus des milliers d’années. »
Un entretien avec Joël Guidez, expert des réacteurs à neutrons rapides, ancien du CEA. Il a notamment travaillé sur Superphénix, a été responsable des essais de Phénix et a dirigé la centrale Phénix. Il a occupé aussi divers postes de responsabilité à l’international dont à la Commission européenne pour laquelle il a dirigé le réacteur expérimental « High Flux Reactor ». Il doit publier prochainement un livre édité par Elsevier consacré aux réacteurs à neutrons rapides.
Sanctions contre la Russie: la société Nord Stream 2 à Zoug est en faillite
La société suisse en charge du projet de gazoduc « Nord Stream 2 » entre la Russie et l'Allemagne, est en faillite, suite aux sanctions internationales infligées à la Russie. Cette société était dirigée par l'allemand Matthias Warnig, ex-membre de cabinet ministériel de la RDA. L'ancien chancelier allemand Gerhard Schröder occupait quant à lui le poste de président du conseil d'administration.
Le gazoduc sous-marin de 1230 kilomètres, d'une valeur de 11 milliards de dollars, a été achevé fin 2021, mais n'avait pas encore été mis en service.
Dans le cadre de ce projet, Nord Stream 2 avait signé des contrats de financement avec les entreprises française Engie, autrichienne OMV, anglo-néerlandaise Shell et allemandes Uniper et Wintershall Dea.
Sizewell C gets financial backing from UK government
Fin janvier, le gouvernement britannique a annoncé un investissement de 100 millions de livres (120M€) pour le développement du projet d’EDF de deux EPR sur le site nucléaire de Sizewell. Cet investissement a pour but d’attirer le financement d’investisseurs privés et de démontrer la viabilité et l’importance du projet.
Contrairement au mécanisme CfD (Contract for Difference) mis en place pour Hinkley Point C, nécessaire à l’époque pour le financement du projet par le marché et pour la constitution d’une chaîne d’approvisionnement (il s’agissait alors de la première construction de réacteurs nucléaires depuis la mise en service du réacteur REP de Sizewell B en 1995), le gouvernement britannique a annoncé fin 2021 que le projet Sizewell C bénéficiera du mécanisme RAB (Regulated Asset Based). Décryptage.
Pakistan plans 40,000MW nuclear energy by 2050 to meet electricity demands
L'assistant spécial du Premier ministre sur le changement climatique, Malik Amin Aslam, a déclaré que le Pakistan avait l'intention de s'adapter à l'objectif de zéro émission de carbone d'ici 2050 dans l'énergie en utilisant tous les types de sources à faible émission de carbone. « Nous ferons un usage optimal de nos ressources éoliennes, hydrauliques, solaires et nucléaires pour atteindre les objectifs fixés par la COP26 qui s'est tenue récemment à Glasgow ». Le pays envisage une capacité de production nucléaire de 40 GW, avec un total de 32 centrales pour répondre à un quart des besoins énergétiques du pays.
Le mix énergétique actuel du Pakistan est composé de 58 % de combustibles fossiles, 30 % d'hydroélectricité et 10 % d'énergies renouvelables et nucléaires.
Percée de la Chine dans les mini-réacteurs nucléaires
La Chine prend de l’avance dans les nouveaux réacteurs nucléaires. La centrale nucléaire de Shidaowan utilise un réacteur de quatrième génération dit « à lit de boulets à très haute température ». C’est la première fois que cette technologie est mise en œuvre sous la forme de petit réacteur modulaire (ou SMR, selon l’acronyme anglais Small Modular Reactor).
La haute température (plus de 750 °C) permet de faire aussi de chaleur utilisable dans l’industrie lourde. Par exemple pour produire de l’hydrogène. Le cœur est refroidi à l’hélium gazeux (et non pas à l’eau pressurisée, comme les réacteurs français), qui circule entre des milliers de balles faites de céramique, d’uranium et de graphite, pour transférer la chaleur vers les turbines.
Le gouvernement suédois donne son feu vert à l'enfouissement du combustible usé
La Suède peut aller de l'avant avec son projet d’entreposage souterrain des déchets nucléaires. C'est ce qu'a récemment annoncé le ministre suédois du climat et de l'environnement. Après la Finlande, la Suède est le deuxième pays à franchir le pas et à choisir le stockage géologique comme solution pour le combustible usé de ses centrales nucléaires.La décision est soutenue par une large majorité et avec le consentement des communautés locales.
Dans le monde entier, les pays étudient les possibilités ainsi que les solutions pour les déchets radioactifs et le combustible usé provenant des centrales nucléaires. L'entreposage géologique est désigné par de nombreux experts comme l'une des meilleures options parce qu’elle est la plus sûre.
IPCC Sixth Assessment Report « Climate Change 2022 : Impacts, Adaptation and Vulnerability »
Le GIEC publie aujourd’hui son rapport sur les impacts du réchauffement climatique, la vulnérabilité de nos sociétés et leur nécessaire adaptation. C’est un texte fondamental. Il fait suite à celui paru en Août 2021, dédié à la physique du climat. Il s’agissait de la plus grande mise à jour de l’état des connaissances scientifiques climatiques depuis 2013.
Il sera complété en avril prochain par un 3ème rapport sur l’atténuation du changement climatique, c’est-à-dire ce qu’on peut faire pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Voilà donc la mécanique qui articule ces trois textes : 1°) Compréhension du système climatique, 2°) Analyse des impacts du réchauffement, de nos vulnérabilités, mesures d’adaptation pour y faire face, 3°) Mesures d’atténuation pour limiter le réchauffement.
Energie : le suicide collectif européen
Est-ce le titre d’un nouvel article sur les tensions d’approvisionnement énergétique, suite au conflit entre la Russie et l’Ukraine ? Non, c’est un article vieux de 4 ans, de Michal GAY et Jean-Pierre RIOU, qu’il m’est apparu bon de relire. Extraits :
« L’équilibre mondial des relations entre les nations est sous tendu par une guerre féroce, celle de l’accès à l’énergie. En ruinant son système électrique par manque de vision stratégique, l’Europe ne semble pas prendre la mesure des conséquences de son impéritie. La ruine du secteur stratégique de l’énergie, désormais libéralisé, peut conduire à la prise de contrôle de la politique européenne par des puissances étrangères. Sur l’échiquier de la politique internationale, il n’y a malheureusement pas de place pour l’improvisation, le vainqueur sera celui qui aura eu un coup d’avance. Et la géopolitique est cruelle pour les perdants. »