Tinne Van der Straeten, l’anti-nucléaire, va défendre l’atome auprès d’Engie-Electrabel.
La ministre de l’Energie, Tinne Van der Straeten (Groen) a désormais reçu un mandat du Gouvernement fédéral pour négocier avec Engie-Electrabel le maintien de l’exploitation des réacteurs nucléaires, Doel 4 et Tihange 3, pendant dix ans supplémentaires après 2025. C’est une anti-nucléaire convaincue et c’est à elle que revient la mission d’aller défendre un dossier qu’elle ne soutient pas auprès d’une entreprise dont elle a combattu les ambitions par le passé.
En 2016, au sein du cabinet d’avocats dont elle était associée à 50%, elle a défendu les intérêts de près de 80 communes allemandes, luxembourgeoises et hollandaises opposées à l’exploitation de la centrale nucléaire de Tihange.
Elle avait défendu aussi les intérêts de Wingas, une filiale de Gazprom…
L'Allemagne déplore le maintien de Tihange 3 et Doel 4 : "Cela peut nous rendre encore plus vulnérables"
Depuis le début de la guerre en Ukraine, la dépendance de l’Allemagne au gaz russe ne constitue visiblement pas un argument suffisant pour pousser l'Allemagne à réfléchir sérieusement à prolonger ses réacteurs nucléaires. Les principales mesures sont la constitution de stocks stratégiques accrus de charbon, l'accélération de projets de construction de terminaux méthaniers et l'accélération du déploiement des pompes à chaleur (ce qui pour le coup est une bonne mesure).
Pis, le gouvernement allemand, par la voix de la ministre Steffi Lemke, se permet de critiquer les gouvernements des pays voisins – ici la Belgique – qui décident finalement de ne pas faire comme l'Allemagne le choix du gaz fossile et du charbon pour remplacer le nucléaire.
Le retour en force du charbon en Europe
Sur fond d'explosion des prix du gaz, la production d'électricité à partir de charbon repart à la hausse après un reflux de près de dix ans. Compte tenu des difficultés d'approvisionnement en gaz et de la faible production nucléaire, le phénomène devrait encore s'amplifier. C'est une mauvaise nouvelle pour la transition énergétique. Alors que la crise du gaz et la guerre en Ukraine engendrent une flambée des prix de l'électricité inédite, le charbon fait un retour en force sur le Vieux Continent.
« En 2021, la production d'électricité à partir de charbon a augmenté en Europe pour la première fois depuis 2011. En croissance de 18 %, elle atteint 579 TWh, contre 470 TWh en 2020 », indiquent les analystes de Rystad Energy. Elle a ainsi peu ou prou retrouvé son niveau pré-Covid-19.
Coal company LEAG receives record support credit amid price crisis
La société de lignite d'Allemagne LEAG a accepté un prêt de plus de cinq milliards d'euros de la banque publique KfW pour amortir l'impact de la guerre de la Russie contre l'Ukraine sur les marchés de l'énergie.
Le prêt de 5,5 milliards d'euros accordé à LEAG est le plus grand crédit individuel jamais accordé par la KfW. Le prêt a été mis à disposition il y a plus d'une semaine pour remédier à une situation "critique", qui est désormais sous contrôle, a indiqué le journal, citant des sources gouvernementales. Outre le producteur d'électricité au lignite LEAG, la société énergétique Uniper a également obtenu un prêt de plus de deux milliards d'euros, tandis que le distributeur de gaz VNG a demandé un crédit de soutien similaire.
Au Texas, la plus grande usine à bitcoins des Etats-Unis consommera l’équivalent d’un demi-réacteur nucléaire
Avec ses 38 300 ordinateurs, l’usine de Whinstone «mine» la cybermonnaie. Le minage, cela consiste à faire tourner l’immense système de transaction décentralisé des bitcoins. En consommant beaucoup d’électricité : 700 MW sont nécessaires pour Whinstone, soit l’équivalent de près de la moitié d’un réacteur type EPR…
Mais en cette période de réchauffement climatique, tout le monde s’en moque au Texas. Le gaz est là, abondant, qui sert à produire l’électricité, fortement carbonée. Et Chad Harris, le PDG de Whinstone, transforme cette énergie sale en bitcoins. En rémunération, il obtient des bitcoins gratuits, 5 783 jetons, soit environ 230 millions de dollars.
La cryptomonnaie, c’est vraiment éthique et durable...
L'AIE appelle l’Europe à miser sur le nucléaire et les renouvelables pour se passer du gaz russe
Dès le début du conflit en Ukraine, le Président de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), Fatih Birol, présentait un plan en 10 points à l’adresse de l’Union européenne pour réduire sa dépendance aux importations de gaz russe.
En 2021, l’UE importait par jour en moyenne 380 millions m3 de gaz russe via pipeline, ce qui représente 140 milliards m3 de gaz (bcm). L’AIE estime que l’application des 10 mesures pourrait résulter en la réduction de plus d’un tiers de gaz, soit environ 50 bcm dans l’année, tout en poursuivant la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre (GES).
Parmi les mesures concernant le secteur électrique, le nucléaire a un rôle clef à jouer en tant que moyen pilotable bas carbone en substitution aux centrales au gaz.
Fortum applies to operate Loviisa until 2050
Ce que la prise de conscience climatique a malheureusement mis des décennies à amorcer, la flambée des prix des combustibles fossiles, aggravée par l'invasion de l'Ukraine par la Russie, continue de l'accélérer.
Le retard pris ne peut être rattrapé, et certains des revirements en cours mettront des années à produire leurs effets, mais le mouvement est engagé.
Rien qu'au cours des dernières semaines, les pays suivants ont pris des décisions visant à relancer, ou à prolonger, ou à développer l’énergie nucléaire : en Finlande, au Canada, en Belgique, en Corée du Sud, au Japon, en République Tchèque, au Royaume Uni, aux Pays Bas, aux Philippines….
Les Nigérians face à l'effondrement de leur réseau électrique
Depuis le début de la semaine, le Nigeria fait face à un effondrement quasi complet de son réseau électrique national.
Une situation catastrophique dans un contexte marqué par l'explosion des prix du carburant qui sert à alimenter les générateurs, désormais seule source d'énergie.
C’est quelque chose de structurel. Les coupures de courant ont toujours été très fréquentes au Nigeria. En moyenne, un ménage ou une entreprise fait face à environ 30 coupures par mois. Les black-out sont plutôt liés à l’incapacité du réseau à répondre à la forte demande d’électricité des consommateurs…
Japon : extrême tension sur le réseau électrique
Ce mardi 22 mars 2022, au Japon, les autorités ont lancé un appel aux entreprises et aux particuliers de la région de Tokyo pour qu’ils réduisent au maximum leur consommation électrique, pour éviter de méga-coupures sur le réseau. En effet, le pays subit une importante vague de froid, et 6 centrales sont toujours à l’arrêt pour des contrôles de sécurité suite au séisme qui a frappé le pays le 16 mars. Qui plus est, le mauvais temps limite fortement la production des centrales solaires. Cet état de fait a des conséquences importantes sur l’approvisionnement électrique de la région de Tokyo, avec des risques de méga-coupures : 2000 foyers de préfectures voisines de Tokyo ont déjà subi des coupures de courant.
Cette situation met en avant des soucis plus structurels du réseau électrique japonais. Décryptage.
« Nous amenons cette physique du futur vers des applications clés pour décarboner »
Le gouvernement a récemment précisé la stratégie et les moyens de France 2030 pour faire émerger et industrialiser en France des technologies de rupture dans le domaine des énergies renouvelables, du nucléaire et des réseaux électriques de demain. Suite à cette annonce, l’appel à projets « Réacteurs nucléaires innovants » a été ouvert. Le financement global de ce programme devrait atteindre 500 millions d’euros.
C’est dans ce cadre que le Monde de l’Energie a interviewé Antoine Guyot, fondateur de Jimmy, une start-up française du nucléaire créée en 2020 qui vient d’annoncer une levée de fonds de 2,2 millions d’euros, et qui conçoit et exploite des mini-réacteurs nucléaires capables de fournir de la chaleur aux sites industriels, afin de décarboner le secteur de l’industrie.
Réacteurs à sels fondus : le retour en grâce
C'est la technologie qui monte. Ou plutôt qui remonte… Les réacteurs nucléaires à sels fondus, enterrés dans les années 1970, reviennent en force. En octobre 2021, le CEA et le CNRS réunissaient une centaine d'experts et d'acteurs du nucléaire dans un "bootcamp" visant à fédérer une communauté MSR à la française. L'ambiance était à l'allégresse. Deux mois plus tôt, la Chine annonçait l'achèvement d'un prototype de MSR au thorium. Avec un objectif de production de 2 mégawatts (MW), il s'agit d'un test grandeur nature avant de se lancer dans une version "XL" de 373 MW, prévue pour 2030.
Mais derrière l’arbre chinois se cache toute une forêt de réacteurs de tailles diverses, en tout, près de 70 start-up dans le monde se lancent dans l'aventure du nucléaire à sels fondus.
Thorium : le mythe du nucléaire durable et propre
Le réacteur nucléaire au thorium fait fantasmer les ingénieurs tout comme celui à neutrons rapides. Ces deux technologies différentes de celles utilisées aujourd’hui dans la quasi-totalité des réacteurs existants peuvent permettre une maitrise du cycle du combustible. La surgénération permettant à la fois à l’issue d’un processus de produire plus de combustible que celui utilisé et permettant aussi de produire moins de déchets hautement radioactifs.
Mais le réacteur au thorium, développé aujourd’hui notamment par la Chine, n’est pas pour autant une solution miracle. Il nécessiterait pour être développé à une échelle industrielle et non expérimentale des décennies de recherches et d’investissements. Décryptage par Dominique Greneche.
Lire une partie de l’article sur Transitions et Energies (l’intégralité étant réservée aux abonnés)
Boris Johnson in ‘gung-ho’ push for more nuclear power as energy crisis starts to bite
Le gouvernement britannique devrait dévoiler une nouvelle stratégie énergétique d'ici à la fin du mois, avec potentiellement l'annonce de 6 nouvelles centrales nucléaires et une forte accélération de l'éolien et du solaire PV. L'objectif est d'augmenter fortement la production électrique bas carbone pour répondre aux objectifs climatiques du pays (neutralité carbone en 2050) tout en réduisant sa dépendance aux hydrocarbures importés.
Aujourd'hui, deux réacteurs EPR (1650 MW chacun) sont actuellement en construction à Hinkley Point. Le premier d'entre eux devrait entrer en fonctionnement en 2026. Le gouvernement négocie également avec EDF Energy (filiale britannique d'EDF) la construction de deux autres réacteurs EPR à Sizewell.
Centrale à gaz de Landivisiau : les six choses à savoir
La centrale au gaz de Landivisiau va être mise en service commercial le 31 mars. Son opérateur, la Compagnie électrique de Bretagne (filiale de Total Energies), percevra une subvention annuelle de 40 millions d’euros, payée par EDF au titre du contrat de rémunération de capacité, comme pour toutes les autres centrales électriques au gaz en France.
La centrale de Landivisiau va émettre 365 grammes de CO2 par kWh, soit 60 fois plus qu'une centrale nucléaire française, sans compter les fuites de méthane des installations et du réseau de gaz.
Elle devrait ainsi émettre de l'ordre d'1 million de tonnes de CO2 par an, et représentera 5% des émissions de CO2 de la production électrique française, pour 0.3% de la puissance installée.
Subventions énergétiques de l’UE par type d’énergie
Un rapport de la Cour des comptes européenne publié le 31 janvier évalue dans quelle mesure les taxes sur l'énergie, la tarification du carbone et les subventions énergétiques cadrent avec les objectifs climatiques de l’Union Européenne.
Surprise :
- 44% des subventions à l'énergie des États membres de l'Union Européenne vont directement aux renouvelables,
- encore 32% aux énergies fossile (Eh oui, nous subventionnons massivement notre dépendance aux fossiles, dont gaz russe…)
- et seulement 2% à l'énergie nucléaire, pourtant 1ère source d'électricité bas carbone de l'UE et un contributeur majeur à la réduction des émissions de GES !
Le démantèlement des réacteurs nucléaires, c’est pas sorcier
Contrairement aux légendes urbaines, le démantèlement des centrales est une opération qui n’a rien d’insurmontable, dont le coût n’est pas exorbitant et qui n’est pas dangereuse. Mais elle prend du temps et passe en France par des procédures administratives d’une lourdeur sans nom.
En France, la totalité des réacteurs en fonctionnement sont des REP (Réacteur à Eau Pressurisé, qui compose la grande majorité des réacteurs du parc nucléaire mondial). Le plus ancien est situé à Chooz dans les Ardennes, et a été définitivement arrêté en 1991. Le démantèlement du réacteur de Chooz a commencé en 2001, et il est pratiquement achevé, dans le respect du budget initial. Décryptage.
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Les trois scénarios de la transition selon l’étude BP Energy outlook 2022
La compagnie pétrolière BP vient de publier sa très attendue étude Energy Outlook qui fait référence. La précédente remonte à 2020. L’étude de 2022 présente 3 scénarios possibles d’évolution de la consommation énergétique mondiale d’ici à 2050 :
- Un scénario qui prolonge les tendances actuelles dit «New Momentum». Dans celui-ci, les émissions mondiales de GES atteignent un pic à la fin des années 2020 et sont en 2050 inférieures d’environ 20% à leur niveau de 2019.
- Un scénario dit «Accelerated» qui est caractérisé par une accélération du rythme de réduction des émissions de GES d’origine humaine qui diminuent de 75% d’ici 2050 par rapport à 2019.
- Un scénario baptisé «Net Zero» qui se traduit par une baisse drastique de 95% des émissions de GES d’ici le milieu du siècle.