NZIA et Hydrogène bas carbone : batailles à Bruxelles sur l’énergie nucléaire
Alors que l’UE doit avancer rapidement sur plusieurs textes concernant la compétitivité industrielle et la décarbonation de l’économie, une opposition systématique à la contribution du nucléaire ralentit les avancées nécessaires. L’UE a bien reconnu en septembre dernier que l’énergie nucléaire était une énergie « verte » comme recommandé par son centre de recherche (JRC). En conséquence, l’atome a été inclus logiquement dans la taxonomie. Pourtant, la question de son inclusion dans de nombreux dispositifs européens de décarbonation continue à générer de difficiles négociations, au point de conduire à un manque de continuité et de cohérence d’un texte à l’autre. Conséquence : l’Union perd du temps face aux Américains, et laisse ses industriels dans l’incertitude.
Industrie verte de l’UE : la Commission envoie un « signal positif » sur le nucléaire, selon ses défenseurs
Après de nombreux rebondissements, le Commission intègre finalement le nucléaire dans sa proposition pour une industrie européenne décarbonée et autonome. Les défenseurs de l’atome saluent un « signal politique positif », mais restent très vigilants sur la substance réelle de cette reconnaissance.
En effet, si les commissaires sont parvenus à la dernière minute à un compromis selon lequel font partie des « technologies nette zéro » les « technologies avancées pour produire de l’énergie à partir de nucléaire avec un minimum de déchets et les petits réacteurs modulaires », il s’avère qu’à ce stade les technologies nucléaires existantes, comme les réacteurs de 2ème et 3ème génération à eau pressurisée [REP] que la France souhaite développer, sont exclues.
Hydrogène d’origine nucléaire : l’Union Européenne rejoue son éternel débat
Une lettre cosignée par sept États membres de l’Union européenne, révélée ce 20 mars 2023, refuse l’intégration de l’hydrogène « bas carbone » (produit avec de l’électricité d’origine nucléaire) dans le plan de décarbonation des transports de Bruxelles. A l’inverse, neuf États, menés par la France, demande l’intégration de cet hydrogène dans les objectifs « verts » de l’UE.
La lettre contient d’ailleurs des phrases proches de l’oxymore pure et simple, comme « Compter l’énergie à faible teneur en carbone dans les objectifs en matière d’énergies renouvelables réduirait nos efforts en matière de climat et ralentirait les investissements dans les capacités renouvelables supplémentaires dont nous avons tant besoin » !
Marché européen de l'électricité : quelle réforme pour les « transformations radicales » de demain ?
Le Conseil d'analyse économique (CAE) fait des préconisations pour la réforme nécessaire du marché européen de l'électricité. Les auteurs recommandent « de s’orienter vers un marché de gros hybride qui resterait fondé sur le marché de gros de court terme mais serait complété par un module contractuel à long terme », avec deux types de contrats d’achat d’énergie : les « contrats pour différence » (CfD) et les « PPA » (pour Power Purchase Agreement). Les CfD sont « déjà très répandus dans les appels d’offres organisant la production électrique éolienne et solaire » en France mais le CAE appelle à les généraliser à « l’ensemble des outils de production décarbonée de long terme, y compris au nucléaire, ainsi qu’aux sources de flexibilité comme les technologies de stockage ».
Loi visant à développer l’hydroélectricité
L’hydroélectricité est la première des énergies renouvelables en France. Avec sa puissance installée de 25,7GW, elle représente une part de 18,4% du parc de production d’électricité. Nos barrages sont un atout considérable et une vraie solution d’avenir.
Il devient urgent de reprendre la main sur cette ressource précieuse, en lançant un grand programme de maintenance et de modernisation de notre parc, pour augmenter ses capacités de production, et développer ainsi l’énergie renouvelable française.
C’est dans cette perspective que le député alsacien Raphael SCHELLENBERGER (LR) vient de déposer une proposition de loi sur le bureau de l’Assemblée Nationale.
La France pourrait potentiellement produire 20% d'hydroélectricité de plus, selon les exploitants
Les centrales hydroélectriques assurent 12% de la production d'électricité en France et bien qu'ancien, le secteur a un potentiel de développement qui permettrait de produire "20% de plus, essentiellement avec de nouveaux ouvrages", a estimé jeudi France Hydro Electricité. "Le potentiel de développement est de 12 TWh, cela représente 20% de plus, essentiellement avec le développement de nouveaux ouvrages", a précisé lors d'une conférence de presse le président de France Hydro Electricité Xavier Casiot. "On a des possibilités qui vont au-delà des besoins" en matière de Step, a souligné M. Casiot, alors qu'une concertation est engagée avec les pouvoirs publics pour que la construction de Step bénéficie d'aides.
L'Allemagne veut renforcer rapidement ses réseaux électriques
Pour répondre aux exigences de la transition énergétique, l'Allemagne découvre que les réseaux électriques du pays doivent être considérablement renforcés.
Reiner Haseloff, président de la Saxe-Anhalt a pointé le fait que la multiplication des centrales de production électrique a nécessité une multiplication conjointe des points d’injection, ce qui a fait exploser le coût des infrastructures de réseau dans la facture électrique du Land. Résultat : la Saxe-Anhalt a les tarifs électriques les plus élevés d’Allemagne. « Cela ne peut pas durer si nous voulons maintenir l’acceptabilité » des renouvelables intermittents, a affirmé Reiner Haseloff.
Le ministre Robert Habeck a reconnu le problème : « le système est stoppé et bloqué par une erreur structurelle. […] Une solution doit être trouvée ».
Loi pour l’accélération des projets nucléaires
La loi sur l’accélération des procédures liées aux nouvelles constructions nucléaires et le fonctionnement des installations existantes a été adopté à l’Assemblée Nationale.
Cette loi n'est pas une relance de la filière nucléaire et des constructions de nouveaux réacteurs. Elle fait évoluer le cadre dans lequel cette filière s'inscrit.
Avec ce texte, des marqueurs forts du biais antinucléaire de la LTECV, qui nuisaient aux objectifs climatiques, devraient disparaître : Exit le plafond de 63,2 GW de capacité installée nucléaire maximale, qui après la mise en service de FLA3 aurait imposé d'arrêter un réacteur pour pouvoir en démarrer un nouveau, et interdisait les augmentations de puissance, Exit l'objectif de réduction à 50% de la part du nucléaire dans la production d'électricité, épée de Damoclès sur le parc existant.
Newcleo launches equity raise of up to €1bn for its unique circular, next-generation nuclear energy solution
Newcleo, la start-up de technologie nucléaire propre et sûre qui développe des réacteurs de génération IV avancés utilisant des déchets nucléaires comme combustible, a lancé une levée de fonds pouvant aller jusqu'à 1 milliard d'euros pour financer la poursuite du développement de ses réacteurs nucléaires rapides refroidis au plomb (LFR) innovants et de ses usines de fabrication de combustible à partir de déchets nucléaires.
Cette levée de fonds doit permettre à Newcleo de poursuivre sa croissance, qui prévoit la conception et la construction d'un mini réacteur nucléaire rapide de 30 MWe déployé en France d'ici 2030, suivi rapidement d'une unité commerciale SMR de 200 MWe au Royaume-Uni, deux ans plus tard seulement.
Peut-on encore être écolo et antinucléaire ?
Extrait : « Le ‘’critère CO’’ ne peut pas devenir pour autant notre unique boussole, ni, comme l'écrit Eric Vidalenc, ‘’l'alpha et l'oméga de tout projet’’. » Au moins, cela a le mérite d’être clair...
Je suis en revanche tout à fait d’accord avec ce second extrait : « l'impact écologique du nucléaire ne saurait être réduit à la (faible) quantité de CO qu'il émet. La question de la gestion des déchets radioactifs mérite, par exemple, d'être examinée et discutée avec au moins autant d'attention. »
Examinons donc cela de manière scientifique, à partir du rapport de la Commission Economique pour l'Europe des Nations Unies (UNECE), intitulé « Carbon Neutrality in the UNECE Region : Integrated Life-cycle Assessment of Electricity Sources », publié en mars 2022.
Hydrogen ready, un nouveau label greenwashing pour les centrales à gaz allemandes ?
L’Energiewende se poursuit, sans inflexion, malgré le contexte : développer les énergies solaires et éoliennes, avec le choix de les soutenir avec des centrales à gaz. Des centrales qui, passées à la machine du greenwashing, deviennent « hydrogen ready ». Qu’est-ce que cela signifie ? Le 7 mars, Olaf Scholz indique que le pays va construire 17 à 21 GW de nvelles centrales électriques à gaz, doublant la puissance installée. Avec une nouveauté : ces centrales seront hydrogen ready, cad qu’elles doivent pouvoir fonctionner aussi bien avec du gaz qu’avec de l’hydrogène. Sauf que produire de l’H2 par électrolyse à partir d’ENRi puis le transformer à nv en électricité n’est pas très efficace : 25% de rendement, soit 1 kWh restitué pour 4 produits au départ.
Qu'est-ce ce qu’un réacteur nucléaire de 4ᵉ génération ?
Nous entendons souvent parler des réacteurs nucléaires « de 4ᵉ génération », destinés à remplacer les réacteurs actuels dans quelques années.
Leurs technologies sont promues comme plus durables, plus sûres, plus économiques et donc comme une solution de choix pour décarboner le secteur de l’énergie et garantir notre sécurité énergétique.
Mais, au-delà de ces arguments généraux et marketing, quelles sont les caractéristiques précises recherchées pour ces réacteurs ?
Voici un dossier très pédagogique et accessible à tous, bien que très complet, pour présenter les objectifs les plus saillants de la « GEN IV ».
Ukraine aims to produce nuclear fuel by 2026, exports to follow
L’Ukraine a l’intention de produire son propre combustible nucléaire d’ici trois ans, affirmant qu’à plus long terme, l’objectif est même d’exporter vers d’autres pays.
Le ministre de l’Energie, Herman Halushchenko, s’exprimant lors d’une visite avec le président d’Energoatom (la Compagnie nationale de production d'énergie nucléaire), Petro Kotin, à l’usine où le combustible nucléaire sera produit, a déclaré: « Ukraine est l’un des premiers pays à diversifier l’approvisionnement en combustible nucléaire, ce qui a permis d’abandonner son achat à la Russie. Notre tâche commune avec nos partenaires américains est de produire les types de combustible appropriés dès que possible afin de supplanter la Russie du marché du combustible nucléaire.
Fresh progress for Poland's Orlen Synthos SMR project
Le plan d’Orlen Synthos Green Energy pour pas moins de 79 petits réacteurs modulaires (SMR) à travers la Pologne a reçu un double coup de pouce : l’approbation de la Commission européenne pour la création de la joint-venture et un accord de coopération sur le projet avec le Fonds national pour la protection de l’environnement et la gestion de l’eau.
L’objectif est de construire une capacité de 10 000 MWe entre 2029 et 2036. Dans un premier temps, il est prévu de construire des centrales électriques SMR - en utilisant le SMR BWRX-300 de GE Hitachi - dans 10 sites sélectionnés. Le mois dernier, Daniel Obajtek, PDG d’Orlen, avait déclaré qu’en avril ils annonceraient les 26 sites retenus pour abriter les 79 SMR.
Belgian-Dutch partnership for nuclear new build
La société d’ingénierie belge Tractebel a signé un protocole d’accord avec la société néerlandaise NRG-Pallas pour collaborer à la fourniture de services d’ingénierie pour la construction de grandes centrales nucléaires aux Pays-Bas.
En décembre 2021, le nouveau gouvernement de coalition des Pays-Bas a placé l’énergie nucléaire au cœur de sa politique climatique et énergétique.
Sur la base des plans préliminaires, deux nouveaux réacteurs seront achevés vers 2035 et chacun aura une capacité de 1000-1650 MWe.
Les deux réacteurs fourniraient 9 à 13% de la production d’électricité des Pays-Bas en 2035. Le cabinet a annoncé en décembre 2022 qu’il considérait actuellement Borssele comme l’endroit le plus approprié pour la construction des nouveaux réacteurs.
Etats-Unis : ce démonstrateur débute la production d'hydrogène nucléaire
Constellation vient de commencer à produire de l'hydrogène à partir d'électricité d'origine nucléaire. Représentant un investissement global de 14.5 millions de dollars, ce premier démonstrateur américain est financé à hauteur de 5,8 millions de dollars par le département américain de l'énergie (DOE) et repose sur un électrolyseur à membrane échangeuse de protons, alimenté par l'électricité générée par l'installation nucléaire de Constellation
"L'hydrogène sera un outil indispensable pour résoudre la crise climatique, et Nine Mile Point va montrer au monde que l'énergie nucléaire est le moyen le plus efficace et le plus rentable de le fabriquer à partir d'une ressource sans carbone", a déclaré Joe Dominguez, président et chef de la direction de Constellation.
[Vidéo] Nicolas Sarkozy et François Hollande défendent leur vision du nucléaire
La commission d’enquête parlementaire, chargée d’établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France, a clôturé ses auditions le jeudi 16 mars dernier avec les témoignages deux ex-Présidents de la République Nicolas Sarkozy (2007-2012) et François Hollande (2012-2017). Une première à l’Assemblée nationale ! Les deux anciens présidents ont été invités à présenter leur bilan sur la souveraineté énergétique de la France et à préciser leurs actions après l’adoption de plusieurs lois énergétiques clés dans le pays.
Le premier assure avoir toujours défendu la filière, le second estime avoir permis l’apparition de la loi 2015 qui offrait des marges à la filière.