Energie et climat : les dossiers chauds de la rentrée française
Hydrogène, nucléaire, marché du carbone… Les dossiers s’amoncellent sur les bureaux des ministres démissionnaires. Tjrs sans gouvernement, les investissements privés et publics sont en stand-by et la France risque de ne pas atteindre ses objectifs en matière d’énergie et de climat. La France n’a toujours pas de loi de programmation énergie et climat (LPEC), ce texte « parapluie » qui chapeaute l’ensemble des objectifs énergétiques et climatiques français.
La LPEC est essentielle, car elle permet d’engager la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), définissant la trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), qui détaille la transition énergétique, filière par filière.
Orano va devenir un fournisseur essentiel de combustible pour les centrales nucléaires américaines
Orano, le géant français du cycle du combustible nucléaire (ex-Areva), qui vient d’investir 1,7 milliard d’euros pour augmenter les capacités d’enrichissement d’uranium de son usine Georges Besse 2 dans le Vaucluse, a annoncé la construction d'un outil industriel similaire dans le Tennessee, aux Etats-Unis. Il devrait être opérationnel au début des années 2030 et répondre au problème de la filière nucléaire américaine qui importait un quart de son uranium enrichi de Russie.
Cette usine sera capable de produire de l’uranium pour des assemblages classiques et aussi du Haleu, et aura une capacité de production de « plusieurs millions d’UTS », soit l’équivalent des importations russes.
Carbon rachète Photowatt et promet 40 millions d’euros d’investissements dans l’usine de Bourgoin-Jallieu
L’entreprise française Carbon et EDF Renouvelables sont parvenus à un accord portant sur la cession du fabricant de modules Photowatt. Selon cet accord, Photowatt serait intégrée au projet industriel porté par Carbon, qui prévoit la mise en service d’une unité d’assemblage de panneaux photovoltaïques de 500 MW, avant la construction d’une gigafactory de 5 GW de cellules photovoltaïques et 3,5 GW de modules, qui sera mise en service en 2026-2027.
EDF Renouvelables, propriétaire de Photowatt depuis sa reprise en 2012, cherchait depuis plusieurs année un partenaire industriel pour reprendre l’usine qui connaît un déficit structurel, en particulier face à la concurrence chinoise.
Ceci n’est pas un parking pour camions, mais une des plus grandes batteries au monde
D’une puissance de 850 MW pour une capacité de stockage de 1 680 MWh, cette BESS (pour battery energy storage system) composé de 2 592 batteries de type LFP deviendra la plus grande batterie de stockage au monde.
Il manque cependant une donnée importante dans cet article : quelle est l’empreinte carbone associée à cette BESS ? Dit autrement, combien de grammes de CO2 supplémentaires vont s’ajouter au KWh produit initialement lorsqu’il est restitué par la batterie ?
On peut espérer que ce KWh sera moins carboné que celui venant d’une centrale à charbon australienne, mais sans analyse ACV digne de ce nom, comment savoir précisemment ?
La première centrale nucléaire du monde arabe est en service
Les Émirats arabes unis (EAU) ont franchi une étape historique en annonçant la mise en service complète de la centrale nucléaire de Barakah. Située à l’ouest d’Abu Dhabi, cette centrale est désormais pleinement opérationnelle après l’activation de son quatrième réacteur. Ce projet, d’une valeur de 24,4 milliards de dollars, avait lancé ses activités en 2020 et commercialisé ses premiers mégawattheures en 2021.
Avec une production annuelle de 40 TWh d’électricité, Barakah couvrira jusqu’à 25 % des besoins en énergie des Émirats, avec une électricité bas carbone et pilotable, dans ce pays traditionnellement dépendant de ses réserves pétrolières. La centrale de Barakah a permis aux EAU de devenir le premier pays du monde arabe à se doter d’une centrale électronucléaire.
Charles Jaigu: «Le choix de la décadence énergétique européenne»
Bien que le nouveau commissaire européen à l'Énergie, pressenti et annoncé depuis plusieurs semaines, devait être Jozef Sikela, le ministre tchèque de l'Économie connu pour son soutien à la reconstruction d'une énergie nucléaire européenne, Ursula van der Leyen a in fine nommé le danois Dan Jorgensen, antinucléaire revendiqué à ce portefeuille.
En 2022, alors ministre du Climat et de l'Énergie, Dan Jorgensen déclarait sur Twitter : « Il n'y aura pas de nucléaire au Danemark tant que je serai ministre. » Il a ensuite indiqué qu’il combattrait « avec les dents et avec les ongles » la classification « verte » de l'énergie nucléaire dans la taxonomie par la Commission au début de l'année 2024.
Cette société veut stocker l’électricité sous terre avec de l’eau pressurisée
L’essor des énergies renouvelables intermittentes implique une croissance des moyens de stockage à grande échelle. Si les batteries sont l’une des solutions, leur emprise au sol et leur consommation de ressources représentent des inconvénients notables. Une startup américaine propose une alternative qui exploite, non pas la surface terrestre, mais le sous sol.
La technologie mise au point par Sage Geosystems consiste à stocker de l’eau sous pression sous terre. En période de forte demande électrique, l’eau est remontée à la surface, sans nécessiter de pompage. En effet, la pression accumulée, aidée par la tendance naturelle des fractures à se refermer, expulse l’eau, qui actionne une turbine Pelton, entraînant un alternateur pour produire de l’électricité.
Electricité à prix négatifs : comment le gestionnaire du réseau français veut y mettre fin
Les prix négatifs se multiplient sur les marchés de gros de l’électricité : ils traduisent un pb d’adéquation de l’offre et de la demande. Ce phénomène est apparu au fil de la montée en puissance des énergies renouvelables intermittentes. A l’origine du pb se trouvent aussi certains types de contrats d’achat de la production électrique des ENR. Notamment l’obligation d’achat utilisée avt 2016 pour les parcs éoliens et photovoltaïques : l’électricité renouvelable est achetée à un prix fixe garanti, indépendamment du prix réel du marché et des besoins réels en électricité. Ces contrats ne comportent donc aucune incitation à réduire sa production en fonction des conditions de marché et des besoins, et participent de plus en plus à l’engorgement du réseau à certaines périodes.
Perspectives pour le prix du carbone en Europe
La décarbonation de l'économie européenne repose sur 2 piliers : des politiques sectorielles (efficacité énergétique, nucléaire, renouvelables, etc.) et un marché du carbone.
Concrètement, un certain nombre d'activités (industrie, production d'électricité, ...) doivent se procurer des quotas à hauteur de leurs émissions de CO2. Pour cela, elles disposent de 3 moyens : les recevoir gratuitement (option de plus en plus contrainte); les acheter aux enchères; les acheter sur le marché.
Pierre Jeremie publie chez le think tank Terra Nova une note passionnante sur le rôle et les limites actuelles du marché du carbone européen et du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières. Il en profite pour émettre une quinzaine de propositions visant à améliorer ces dispositifs.
La sortie du nucléaire aurait coûté des centaines de milliards d’€ à l’Allemagne sans amener une amélioration de son bilan de GES
Selon une étude de l’Université norvégienne des sciences et de la technologie à Trondheim,de juin 2024, Si l’Allemagne avait maintenu son parc nucléaire de 2002 au lieu d’arrêter progressivement les centrales, elle aurait doublé sa réduction des émissions de CO2, et économisé 600 milliards d’Euros, par rapport à la politique actuelle (de sortie du nucléaire et de développement massif des ENRi). Si l’Allemagne avait en plus investi dans de nouvelles centrales nucléaires, elle aurait presque pu atteindre son objectif en matière d’émissions de GES, en réalisant une réduction de 73% des émissions de CO2 (en plus des résultats actuellement obtenus), et une réduction des dépenses totales de moitié (par rapport à la politique énergétique actuelle), soit environ 300 milliards d’euros.
Finnish energy firm Helen launches nuclear programme
L'entreprise énergétique finlandaise Helen a lancé la première phase de son programme nucléaire, qui vise à construire une petite centrale nucléaire de type SMR pour produire de la chaleur destinée à la ville d'Helsinki. Le SMR, développé par Steady Energy, et destiné au chauffage urbain est le LDR-50 SMR. Il est en cours de développement au Centre de recherche technique VTT depuis 2020. D’une puissance thermique de 50 MW, il est conçu pour fonctionner à environ 150 C et moins de 10 bars.
« Finalement, si tout se met en place, nous aurons notre premier SMR fournissant de la chaleur à Helsinki au plus tard au début des années 2030 » a déclaré Olli Sirkka, PDG d'Helen.
Switzerland moves to remove ban on new reactors
Le gouvernement suisse a déclaré vouloir lever l'interdiction du pays de construire de nouvelles centrales nucléaires, qui est en place depuis le 1er janvier 2018. Il a déclaré que toutes les sources d'énergie propres seront nécessaires pour répondre à la demande d'électricité attendue tout en respectant les objectifs climatiques.
Le Conseil fédéral a déclaré : « Si les centrales nucléaires sont fermées à un moment donné, la perte d'électricité devra être compensée par d'autres centrales nationales de production. On ne sait pas très bien si l'expansion des énergies renouvelables sera suffisamment rapide pour couvrir la perte de capacité et la demande croissante d'électricité en temps voulu. »
Quelle est l'empreinte carbone de l’électricité produite en Europe ?
En Europe, les émissions des 27 États membres de l'UE et du Royaume-Uni ont diminué de près de 2 % par an au cours de la dernière décennie. L'électricité issue du charbon a diminué de près de moitié dans l'UE depuis 2015 et ne représente désormais plus que 12 % du mix électrique de l’UE.
L'empreinte carbone de la production d'électricité varie cependant fortement d'un pays européen à l'autre. La France est le second pays avec le mix électrique le plus décarboné de l'UE, avec une moyenne de 56 g de CO2 émis par kWh en 2023, juste derrière la Suède (41 gCO2/kWh). Cela est notamment dû à la part de l'énergie nucléaire dans leur production électrique : 65 % en France, 30 % en Suède, ainsi qu'à celle des énergies renouvelables : 66 % en Suède, 26 % en France.
Budget : comment le gouvernement Attal voulait taxer EDF
On apprend dans l'article ci-dessous que le gouvernement sortant dirigé par Gabriel Attal prévoyait de taxer les capacités électrogènes installées afin d'essayer de combler un peu le déficit de l'Etat, grevant encore un peu plus la capacité d'EDF à investir dans la décarbonation. Cette idée fait suite à une autre, non moins brillante mais qui a malheureusement été mise en œuvre en février, d'augmenter la fiscalité de l'énergie de telle manière que le gaz (dont on doit sortir lorsqu'il est d'origine fossile) est à présent moins taxé que l'électricité (dont on doit promouvoir l'usage)...
Espérons que le nouveau premier ministre Michel Barnier considérera les questions énergétiques avec le sérieux qu'elles méritent, ce qui n'a pas été le cas ces 6 derniers mois.
Framatome finalise l’acquisition des activités de contrôle non destructif et d’inspection du Groupe Arkadia
Framatome a annoncé le 10 septembre l’acquisition par sa filiale Intercontrôle de l’entité du groupe Arkadia spécialisée dans les contrôles non destructifs et les inspections, principalement pour l’industrie nucléaire. Cette opération permet à Intercontrôle d’accroître ses compétences en radiologie industrielle et d’optimiser sa performance, notamment pour les tirs radiographiques de contrôle des cuves du parc EDF.
Guirec Maugat : « L’acquisition de ce partenaire de longue date nous permet de renforcer notre capacité d’exécution de tirs radiographiques de contrôle avec une expertise souveraine pour réaliser les inspections en service des cuves du parc actuel et futur »